«Le soutien social ne consiste pas seulement en la présence des autres. Le facteur crucial est la réciprocité: être vraiment vu et entendu par notre entourage, sentir qu’une autre personne nous porte dans son coeur. Pour que notre organisme se calme, guérisse et s’épanouisse, il nous faut un sentiment viscéral de sécurité.» Le corps n’oublie rien de Bessel Van Der Kolt
Nous sommes des êtres de lien avant tout, nous sentir reliés, nous sentir appartenir, est un besoin viscéral premier.
La transcendance fait partie de nous, notre vie n’est pas seulement la notre mais celle de notre famille, de nos amis, de notre société, de notre culture, de l’humanité et même plus. Alors pourquoi l’accent est tant mis sur le fait de «revenir à soi», sur la liberté individuelle, sur le plaisir de chacun.
Rien n’est tout noir ou tout blanc n’est ce pas? Et il est vrai qu’appartenir à un groupe ou un clan peut être étouffant car la spécificité de l’être peut n’y avoir que peu de place pour s’épanouir, et il arrive que ceux extérieurs au clan soient honnis. C’est parfois le prix à payer pour la sécurité d’appartenir au clan. Et il est si viscéral de se sentir en lien, que la rigidité interdisant de se démarquer pour rester fidèle peut amener une rigidité souffrante.
Ne peut il pas y avoir une articulation entre lien, mouvement d’ensemble et individu unique avec sa gestuelle propre ?
Le ET inclusif ne peut-il pas avoir sa place ici ? Alors que la sécurité du lien est présente, qu’elle n’est pas remise en cause, il est alors possible d’exprimer sa singularité et de marcher vers ce qui nous est propre. Alors que je suis tranquille, les alarmes peuvent s’éteindre, la vigilance s’abaisser, et j’ai ainsi une disponibilité qui me permet de me ressentir dans ce qui m’est bon.
La peur de décevoir, de perdre des liens qui sont chers est souvent présente quand il y a une démarche de transformation et d’évolution.
Le mouvement fait partie de la vie, rien ne reste fixe, à différentes échelles… pourtant il y a des choses qui ne se défont pas, un père restera toujours le père, etc, il y a des liens quelque soit leur qualité, qui restent indéfectibles.
Ce « revenir à soi » quel est il ? Un plaidoyer pour un individualisme sec ?
Souvent le besoin d’une séance de massage est porté par le mouvement de retour à soi, de coupure avec l’extérieur. Je le vois comme une expiration. L’inspiration dynamise le corps, le met en disposition d’aller vers l’extérieur, de répondre aux autres, d’être en synchronicité avec l’entourage. J’inspire et dynamise ma place parmi les autres, dans quelque chose de plus grand que moi. Mais il n’est pas possible d’inspirer seulement.
Le temps de l’expiration vient, et je relâche toute attention à l’extérieur, je me mets à l’écoute de la vie au dedans de moi, de mon corps. Alors je fais de la place pour ma musique, non plus celle qui se joue avec les autres, mais la mienne en propre. C’est aussi un moment où je peux entendre si à force de m’adapter pour jouer la musique d’ensemble je n’ai pas perdu la mienne, si je ne l’ai pas travestie, si je ne l’ai pas perdue.
Expirer est le temps de la détente. Il est ce temps qui me permet de me ressourcer pour inspirer à nouveau et jouer ainsi de ces allers retours entre moi et les autres, dans cet équilibre construit autant qu’accueilli. Le stress et l’insécurité ne permettent pas le relâchement. Pour s’abandonner et s’écouter la sécurité est nécessaire. Lors d’un massage, c’est le corps qui reçoit cette information « tu peux te laisser aller, tu peux être toi-même et oublier ce qui t ‘est demandé ou ce qu’on attend de toi. Tu peux juste expirer, je t’accompagne et te fais sentir les sensations de ton corps. Tu peux juste écouter, te relier à toi, aux racines de ta vie, de ce qui pulse en toi. »
Et c’est d’autant plus possible que tu es alors accompagné. L’avantage de faire appel à un(e ) professionnel(le) est qu’il n’y a pas d’enjeu avec cette personne. Elle est là pour toi, tu ne lui dois rien, il n’y a pas d’attente, il n’y a que de la présence. Bien sur, cela peut s’apprendre au sein du couple, entre amis, cela demande une démarche de conscience.
Une masseuse te ramène à la Présence, à l’instant, à la sensation qui est là en train de te traverser, de te faire vibrer, et c’est une information que ton corps entend, et qu’il va continuer à porter ensuite. Être là. C’est peut-être ainsi qu’il faut entendre la réciprocité de la citation. Entendre, être là pour l’autre, entendre sa différence, entendre son corps, sa façon unique de respirer, lui offrir de revenir à cette écoute pour lui, à sa Présence.
Je souhaite à chacun de nourrir les liens chers, autant que de prendre soin de soi.
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